Le titre ‘Monsieur Rose’, indissociable de l'œuvre, en décrit une grande partie. À première vue, Manit Sriwanichpoom fusionne plusieurs éléments pour créer un récit visuel captivant. L'image s'inscrit dans un code conceptuel car cette œuvre fait partie d'une série de photographies où figure Mister Pink, symbole de l'influence grandissante du consumérisme sur la société. Cette dénonciation est soulignée par la quantité importante de photographies dans cette série, reflétant l'idée de quantité à tout prix.

Mister Pink est un personnage inventé par l’artiste. Cet homme, vêtu d’un costume de soie rose flashy, n’exprime aucune émotion. Il pousse un caddie et utilise un téléphone portable, tous deux de la même couleur que sa veste. La répétition des couleurs évoque une métaphore d’une vie en rose due au plaisir de consommer. Cependant, bien que le rose évoque habituellement l’amour ou le bonheur, il semble ici représenter la trivialité de la quête du bonheur par la consommation excessive. Cet homme incarne la mentalité matérialiste au cœur de nos vies quotidiennes.

Le costume symbolise la superficialité et l’excès de notre société de consommation. Il est une métaphore de cette quête incessante de bonheur tangible, au détriment des véritables valeurs culturelles et humaines. La taille exagérée de cet homme reflète également l’idée de quantité démesurée.

Le code chromatique de l'œuvre contribue à déterminer son signifié. La prédominance du rose et les éléments cités aident à identifier le signifié comme étant la société de consommation.

Le décor urbain renforce l’idée d’une atmosphère étouffante d’une société déséquilibrée. Il y a un fort contraste entre le rose éclatant et les immeubles gris monotones, symboles d’ennui et de routine, créant une dimension surréaliste à la scène.

Cette œuvre aurait pu être une peinture, mais le fait qu’elle soit une photographie en fait un certificat de présence, un indice du réel, renforçant le lien entre cette image et la réalité. De plus, cette photographie s’inscrit dans un contexte de réception particulier : en 2009, alors que le gouvernement est vivement critiqué, de multiples manifestations, parfois violentes, ont lieu. L’état d’urgence est déclaré en avril. C’est aussi une période post-crise économique de 2008, avec une forte baisse de la croissance économique en Thaïlande due à la situation politique intérieure.

​

Inès de Andreis et Hanna Hoffstetter