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L'Éléphant / Tuk-Tuk. Tradition / modernité

Cette photographie a été capturée par Manit Sriwanichpoom, l'un des photographes Thaïlandais les plus renommés. Ses œuvres sont exposées et étudiées aux quatre coins du monde.
Après des études d'art visuel et de photojournalisme, il entreprend de défendre son point de vue. A l’ère du néolibéralisme, des changements climatiques et de la montée des inégalités, cela passe principalement par la dénonciation du capitalisme, de la globalisation et l’observation des bouleversements politiques. Il fera également de la photographie de rue son art de prédilection.  

Par cette photographie, Manit Sriwanichpoom a voulu garder une trace de la vie des habitants de Bangkok dans les années 80, époque où les éléphants étaient encore utilisés comme moyen de transport et où leur présence était tolérée dans le centre de la ville.

 

Le spectateur :

Cette photographie place le spectateur à l'arrière d'un tuk-tuk, dans le rôle d'un passager observant la rue. On voit le conducteur de profil, fixé sur la figure imposante d'un éléphant qui passe devant lui. Le spectateur est invité à un double voyage : une exploration des rues de Bangkok et un contraste entre deux modes de transport, l'un traditionnel et l'autre moderne.

Les lignes directrices conduisent le regard du spectateur du conducteur vers l'éléphant, créant un mouvement dynamique. Ce contraste entre le regard de l'homme et la masse imposante de l'éléphant souligne la puissance de l'animal, dont la tête dépasse du cadre.

Les contrastes entre l'éléphant et le tuk-tuk :

L'image joue sur différents contrastes. Le blanc en arrière-plan est très lumineux, mettant en relief la peau sombre et rugueuse de l'éléphant. Les barres métalliques du tuk-tuk créent un contraste supplémentaire avec l'animal, avec leurs lignes droites et symétriques.

Les textures ajoutent aussi à l'effet : la peau de l'éléphant, striée et irrégulière, s'oppose aux structures métalliques du tuk-tuk. Cela crée un contraste visuel entre le monde naturel de l'éléphant et le monde industriel du tuk-tuk, illustrant le contraste entre le passé traditionnel et le présent moderne de Bangkok.

La composition de l'image :

La position de l'éléphant à droite et du tuk-tuk à gauche inverse les conventions habituelles qui placent souvent le passé à gauche et le futur à droite. Cette inversion suggère un retour à la nature, ou un mouvement vers le passé. Les barres métalliques du tuk-tuk forment un cadre à travers lequel l'éléphant semble s'extirper, soulignant sa liberté comparée à l'immobilité du conducteur et du spectateur.

Le lien entre l'homme et l'animal :

Le conducteur observe passivement l'éléphant, tournant le dos à sa propre direction de marche. Sa posture en-dessous de l'éléphant renforce la grandeur et le caractère presque sacré de l'animal. Les rétroviseurs du tuk-tuk reflètent également le conducteur, mais son regard est partiellement coupé, tout comme celui de l'éléphant, ce qui les relie tous deux comme "hors du cadre".

Interprétation globale :

Cette photographie contraste la ville moderne et la nature ancienne en plaçant l'éléphant et le tuk-tuk côte à côte. L'éléphant, contraint de chercher refuge en ville en raison de la disparition de son habitat naturel, représente un mode de vie traditionnel en déclin. Le tuk-tuk, un symbole de modernité, semble pris au piège dans le cadre de sa propre cage métallique. Le photographe Manit Sriwanichpoom veut nous faire réfléchir à l'évolution des modes de vie à Bangkok et à l'impact de l'urbanisation rapide sur les traditions.

Florence Le Pivain et Fabien Duchatel

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